Programme éclectique, défendu par les jeunes Français du Quatuor Arod avec maîtrise et passion
2 mars 2018
Créé en 2013, le Quatuor Arod s’est perfectionné avec le Quatuor Artemis (à la Chapelle musicale Reine Elisabeth) tout en s’inscrivant dans la lignée du (toujours jeune) Quatuor Ebène, qu’il continue à fréquenter par plis séparés. Ce qui n’empêche pas le quatuor d’avoir sa propre “voix”, comme l’atteste son premier CD, consacré à Mendelssohn, dont il émane un parfum (musical) entêtant, classieux et très personnel. Le découvrir “live” n’en était que plus attrayant. A tout seigneur tout honneur, on entendit d’abord Haydn, et son op. 74/3 (“Le Cavalier”) dans une version élégante, précise, volubile, dont le Largo Assai allait paradoxalement former le point culminant par sa lenteur assumée, sa densité sonore (et harmonique) et son ancrage profond (on pourrait tout aussi bien écrire “sa céleste altitude”). Avec, à travers tout, un maniérisme sous contrôle – la douceur du premier violon en fait partie – assez séduisant. On découvrit ensuite “Al’Asr” du compositeur français Benjamin Attahir (28 ans), une pièce créée en 2017, inspirée du salâh musulman, mais déployée dans une écriture classique contemporaine fouillée et habile, avec même une petite fugue dans la partie finale !
La seconde partie du concert permit de renouer avec l’op. 13 de Mendelssohn déjà découvert sur le CD, et d’en éprouver à nouveau les sortilèges : sublime adagio d’ouverture – la plénitude sonore des Arod est incroyable dans les mouvements lents – suivi d’un allegro où se retrouvèrent certains traits plus discutables– phrasés, accents ou fadings incongrus – mais aussi et surtout une unité organique essentielle, portée par la virtuosité, l’énergie et le goût (la vision) des musiciens.
– Martine D. Mergeay