Le Soir

Le Quatuor Arod est la plus belle surprise de ces dernières années

26 février 2018

Comment quatre personnes peuvent-elles parvenir à travailler à un tel niveau d’intimité ?

C’est un travail qui demande un acharnement énorme. Nous avons coutume de dire que c’est un parcours de compromis où chacun doit pouvoir trouver sa place. Mais c’est vrai qu’avec le temps des réflexes s’installent qui facilitent la diffusion des idées. Le programme de notre premier CD s’est peu à peu imposé comme une évidence. Nous jouions l’opus 13 chaque saison depuis nos débuts. Nous avons donc décidé de réaliser un voyage varié dans l’univers de Mendelssohn en évitant l’opus 80, le fameux «Requiem pour Fanny» qui avait été enregistré par nos deux mentors pour le même éditeur. L’opus 44 n°2 représentait le compositeur à l’âge adulte et les « Quatre pièces opus 81» ont été composées à des périodes différentes de sa vie. Pour nous, Mendelssohn représente à la fois un renouveau du classicisme sur le plan des formes et des accords de tonalité mais, en même temps, c’est un grand romantique dont la passion sait rester juvénile.

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Comment avez-vous construit votre programme bruxellois ?

L’opus 13 de Mendelssohn s’imposait. Le rapprochement avec un grand quatuor de Haydn «Le Cavalier» aussi car c’est un répertoire auquel nous sommes très fidèles : pour un quatuor, c’est vraiment une école de bonne conduite. Entre les deux nous avons mis une page «Al’Asr » de Benjamin Attahir, un des jeunes compositeurs les plus courus de l’heure. Il croule sous les commandes et nous sommes très fiers qu’il ait accepté d’écrire pour nous son premier quatuor. On peut dire que nous avons vraiment accouché de l’oeuvre ensemble : il l’a vraiment écrite en fonction de nous. La partition s’inscrit dans un cycle de cinq pièces pour des formations différentes dénommée « Salah ». Elle part de la prière de l’après-midi et se développe en un moment saturé de chaleur qui s’accroche solidement à sa structure. Il y a de nouveau un sens de la forme et du jeu instrumental dans l’écriture actuelle de nombreux jeunes compositeurs. Face à l’intensité de ces moments, le public s’accroche et adore. On ne peut que se réjouir de cette réconciliation entre les créateurs et leur public.

– Serge Martin